QUADRILLE de SACHA GUITRY
Let's dance le quadrille, Sacha, car j'aime ton stailleleu.
Quadrille, c'est une pièce ultra rythmée, virevoltante dans laquelle on découvre un François Berléand souriant, lui qui joue habituellement les salauds ou les truands (voire les deux).
Soyons sincères entre nous, Sacha Guitry m'agace.
Et jamais je n'aurais posé mes fesses, ni recroquevillé mes cannes dans le tout petit fauteuil du Théatre si je n'y avais été invitée par mon cher papa. Après on a marché jusqu'aux Grands Boulevards pour lécher les vitrines animées.
Ca aussi c'est un truc qui, si comme moi tu as passé le cap des 40 ans sans enfant, ne se fait qu'avec son papa monté à la capitale pour le WE. Sinon, t'es bonne pour commander une Barbie névrosée au Père Noël.
Guitry, donc.
J'admire sa virtuosité dans le maniement des mots, ses dialogues incisifs et ses traits d'esprit si justement provocateurs. Mais ça pue tellement la mysoginie, que ça m'irrite.
J'ai passé la soirée à faire "ssssssssss" en plissant les yeux, comme quand je mange un citron alors que j'ai des aphtes.
Pourtant j'ai aimé.
Les répliques acidulées sont parfaitement servies par des acteurs admirablement pressés.
Les costumes chamarés tourbillonnent avec légèreté, nous rappellant que le quadrille, à la base, c'est une danse qui impose le langage du corps.
Imagine un quatuor composé d'un futur mari, d'un irrésistible amant, d'une épouse potentielle et déjà infidèle, d'une amie cocufiante, le tout emporté par la frénésie de la langue bien pendue et si finement ciselée d'un Sacha Guitry.
Autant de corps à corps et de coups de griffes manucurées donnés par des actrices au jeu d'une justesse incroyable.
"ssssssssss", j'ai fait toute la soirée en plissant les yeux, ratatinée que j'étais sur mon tout petit siège.
J'étais l'huître du réveillon qui se recroquevillait sous l'effet du citron.
Mais c'était pour mieux savourer la perle.
Car cette pièce en est une, tu peux y aller les yeux fermés,"sssssssss".
Quadrille de Sacha Guitry - Théatre Edouard VII (Paris 9)